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Le Blog Tricot du Lapin Blanc


                Un peu d'histoire ? De la bonne pratique de la récolte des fibres Angora


Globalement, la récolte d’une toison angora ne doit se pratiquer que d’une seule manière. Une manière humble de collaborer avec ses lapins, en respectant le cycle naturel de mue de la toison de l’animal. Pour les nôtres, cela va de 105 à 125 jours.

Seules quelques souches génétiques pures subsistent en France pour que la production de laine angora réponde à tous les critères sociétaux de notre époque et de notre environnement.

La nature a bien fait les choses : D’une mutation génétique naturelle, le développement des follicules pileux a augmenté exponentiellement pour une certaine race de lapins, nommés angoras et faisant référence étymologiquement à la capitale (Ankara) de la Turquie. Ce spécimen est apparu principalement dans les montagnes turques, à hautes altitudes dans des températures très froides.

L’homme n’a fait que poursuivre cette évolution génétique par le biais de sélections et particulièrement en France, où la souche génétique développée au fil des lignées a fait accroître les caractéristiques lainières de cette race.

Pour comprendre brièvement, la génétique du lapin français BYR (Blancs aux yeux rouges _ Albinos) a été retenue. Pour des raisons évidentes :

   1. La première : le poil blanc est le plus fin et doux que l’on puisse observer. Il est pauvre en kératine et donc quasi-exploitable en l’état, contrairement à une laine de mouton gorgée de suint (matière grasse et protectrice qu’il faut extraire par un processus qui affaiblit la fibre, lui ôtant une grande partie des molécules de lanoline qui rend la fibre animale si douce). Ce poil immaculé se teinte aussi très facilement, donnant ainsi des couleurs à la fois profondes et lumineuses.

   2. La deuxième : Le lapin angora français pure souche (albinos) à une biologie du pelage bien particulière. La pousse est très rapide car ne consomme pas énormément d’énergie et les mues sont abondantes et régulières.

Brève explication > Les poils du pelage sont implantés dans la peau selon une organisation stricte. Comme tous les lagomorphes, sur la souche angora française c’est la longueur qui va différer. Il y a deux groupes folliculaires distincts.

    1. Les groupes en cercle : Dont le follicule pileux primaire central est réparti de manière homogène sur l’ensemble du corps de l’animal. Ce poil est tactilement plus raide, plus grossier et de longueur moyenne : On l’appelle « Tylotriche ». Pour faire simple c’est le poil court. Par contre, les follicules pileux qui font cercles autour de lui (les follicules secondaires donc) produisent à la fois les jarres et les barbes (poils très longs, très fins, très doux à la pousse et la mue excessive).

   2. Les groupes en triangle, très denses (près de 150 par cm²) constitue le duvet, le sous-poil et donc la protection thermique du lapin.

Pour faire simple, il y a donc des poils de garde qui vont tomber une fois arrivés à maturité de leur croissance maximum. C’est la mue. Et c’est uniquement ceux-là que nous récoltons.

Il arrive, parce que la sélection a augmenté ces caractéristiques, que même le poil court tombe lors des mues. Il est donc important de le préserver pour que la peau de l’animal ne soit pas mise à nue sur de trop grandes zones. Si un lapin a perdu trop de poils sur un flanc, il faudra donc attendre qu’un pelage conséquent ait repoussé en dessous, avant de récolter les poils longs qui sont autour. Ces derniers vont permettre de conserver une isolation thermique.

Malgré ces précautions, nous ne prenons pas de risques avec nos amis :
Quand ils sont en poils, ils sont dans un bâtiment d’élevage totalement isolé. Cela nous permet de maitriser des températures modérées en hiver comme en été. Et surtout, par inertie, amoindrir l’amplitude thermique entre jours et nuits. Ils sont comme cela en confort au niveau de l’humidité et ne puisent pas dans leurs ressources pour conserver une température corporelle adéquate. Ils vivent dans de grosses épaisseurs de paille.

Au moment du toilettage d’une toison, surtout lors des mues les plus fortes (particulièrement celle automnale pour préparer un bon gros pelage d’hiver) nous les installons dans un local chauffé tant que la toison de nos pensionnaires n’a pas suffisamment repoussé. Cela va vite, mais il est quand même nécessaire de les y garder 3 semaines au moins, cela nous permet de redescendre la température doucement pour que le lapin s'acclimate à son déménagement dans le bâtiment d'élevage, son lieu de vie principal.

Pour éviter la formation de nœuds, qui a terme formeront tout simplement des "dreadlocks", il faut les brosser régulièrement.

Si un travail de désépaississement de la toison n’est pas fait 3 à 4 fois dans l’année en fonction de l’animal, la laine sur lui va feutrer, se coller par plaques de nœuds à sa peau et le tirailler. Cela peut devenir si dense que la peau ne respirera plus et cela causera des problèmes dermatologiques.

De même, si on laisse les poils trop longs vivre leurs cycles de mue naturelle, quand le bulbe du poil se détachera facilement, le lapin va en ingurgiter trop lors de ses séances de toilettage. Les lagomorphes, à contrario d’autres animaux poilus comme les chats angora par exemple, ne peuvent pas se faire vomir : Il en résultera des syndromes occlusifs souvent dangereux pour la santé voir fatals.

Il est plus qu’évident que nous n’attachons pas nos lapins lors de la récolte de poils. Ce serait un stress complètement inutile. Ils sont sur nos genoux ou sur une table doublée d’un revêtement moelleux et à bonne hauteur de travail.

Une paire de ciseaux spéciale est utilisée pour toutes les zones plus sensibles. Nous n’employons pas la tondeuse que nous jugeons trop bruyante, vibrante voir brulante. Le reste est un « peignage » entre le pousse et l’index, ce qui nous permet une meilleure sensibilité qu’avec un outil. En effet, on peut ainsi facilement par petites mèches, faire glisser le poil mort entre les poils vivants. Il n’y a donc aucun arrachage de pratiqué, car c’est une « Dépilation » (ôter un poil mort) et non une « Épilation » qui est ôter un poil bien ancré dans l’épiderme.

D’ailleurs la souche génétique de lapins angora Français a été travaillé pour cette méthode de récolte à la main. Si nous pratiquions une tonte régulière de l’ensemble de la toison, le poil repousserait encore plus vite, les productions seraient encore plus importantes. Mais deux problématiques s’imposeraient à nous :

Dans le premier cas, le bulbe du poil s’épuiserait au fur et à mesure, alors qu’attendre la mue et retirer en douceur ce bulbe de la peau, au contraire le stimule et redonne vigueur aux muscles horripilateurs du follicule. 

C’est donc plus sain pour l’animal, Pourquoi ? Car dans un deuxième et malheureux cas (des essais ont été réalisé par l’ INRA il y a quelques années), une fois que la mue majeure d’automne s’enclenche et que les bulbes épuisés viennent à mourir : Ils ne se reconstituent pas tous et parfois plus avant de nombreux mois, laissant le lapin avec des zones de peaux nues et ce n’est pas souhaitable, pas acceptable.

Seule la souche allemande permet de palier à ce phénomène. En revanche, si la fibre angora allemande est donc coupée à la tondeuse, elle en est fragilisée car pas entière et la qualité supérieure d’une telle matière en pâtit trop dans l’absolu. Les jarres de la souche française font minimum 14 cm de longueur, sont plus structurés, homogènes et résistants car le tronc médullaire du poil est régénéré souvent.

Nous vous proposons pour illustrer ces longues explications, une photo avant-après d’une récolte complète.

   Perturbation de notre activité liée aux restrictions sanitaires Hiver 2020

Avant toutes choses, pour pouvoir tricoter une belle laine naturelle, il y a des animaux.

Pour que ces animaux, ces races lainières françaises puissent continuer d'exister, derrière il y a des éleveurs.

Alors n'oubliez pas, en cette fin d'année plus que jamais, ces artisans qui travaillent en direct avec le vivant, ces producteurs qui doivent assumer la responsabilité de maintenir des patrimoines génétiques rares. Et qui avant de pouvoir se rémunérer doivent nourrir et soigner leurs bêtes...

Avec l'annulation des marchés hebdomadaires et de noël, des évènements, des foires, à cause des restrictions sanitaires pour les commerces "non-essentiels" : Nos animaux et nous-même avons plus que jamais besoin de vous !

Achetez éco-responsable, achetez local, achetez citoyen !✌️

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Prenez-soin de vous et de vos proches.

Audrey & Jeremy